A l’annonce d’une fermeture de classe pour la rentrée de septembre, le maire de Craponne sur Arzon et les équipes enseignantes sont dans l’incompréhension totale. Le maire de Craponne dénonce une décision prise sans concertation, sans préavis et issue d’une analyse purement règlementaire, totalement déconnectée du contexte territorial.
Pour cette commune reconnue comme une centralité et engagée dans un projet ambitieux de rénovation du centre bourg, via le dispositif Petite Ville de Demain, cette annonce ne peut être acceptée.
Fermer une classe est toujours une nouvelle difficile à accepter pour un maire d’autant plus lorsque cette décision est prise subitement, sans information préalable.
Pour comprendre cette frustration, il faut savoir que la Commune de Craponne dispose d’un groupe scolaire public doté d’une spécificité puisqu’ historiquement, deux écoles composent cet établissement, donc 2 entités administratives bien distinctes :
- 1 école maternelle sous la direction de Mme Karinne Beton avec 2 classes (23 enfants en 2021/2022) et une prévision à la rentrée 2022/2023 de 33 à 39* enfants d’où une dynamique favorable de fréquentation et d’accueil qui se corrobore grâce au développement économique de la commune.
- 1 école primaire sous la direction de Mme Florence Rey avec 3 classes (50 enfants en 2021/2022) et une prévision à la rentrée 2022/2023 de 49 enfants.
Les enfants de ces 2 écoles ne peuvent pas être mélangés pour équilibrer ou répartir les effectifs.
Un Regroupement Pédagogique Intercommunal a été signé et enregistré en préfecture le 17 janvier 2019 entre les communes de Craponne / Arzon et Saint Jean d’Aubrigoux pour une durée de 5 ans.
Cette convention partenariale permet d’établir la priorisation de la scolarisation des enfants de ces communes, la répartition financière des charges.
Elle permet aussi en zone rurale – comme dans la plupart des écoles du département de la Haute Loire – d’avoir des seuils d’ouverture et de fermeture de classe adaptés et partagés avec les instances que sont les associations de maires départementales.
Les enfants en Petite Section 1 (moins de 3 ans), – 5 cette année et entre 10 et 14* sur la rentrée 2022/2023 – , ne sont pas comptabilisés dans les effectifs de l’école maternelle quel que soit les seuils retenus, et ce, malgré le projet d’accueil spécifique validé par l’Education Nationale, et surtout leur présence réelle dans l’établissement !
Les seuils d’ouverture et de fermeture des classes sont à titre indicatif ceux utilisés depuis l’année scolaire 2016/2017.
Donc pour les classes de Craponne, qui sont en RPI, les seuils sont de 20 enfants pour la fermeture d’une classe de maternelle et 43 enfants pour une fermeture de classe en primaire.
Pour rappel, l’école maternelle comptabilisera entre 33 et 39* enfants et l’école élémentaire en comptabilisera 49 pour la rentrée 2022/2023.
A noter que comme d’autres communes, l’épisode COVID a eu l’effet de créer des mouvements de population qui sont revenues s’installer dans les campagnes. Ce mouvement semble se poursuivre d’après le dernier recensement communal.
*élèves susceptibles encore d’être inscrits
La Démarche de l’Education Nationale considérée comme brutale.
Vendredi dernier, le 24 juin 2022 à 13h30, Mme Garrigue qui est inspectrice de la circonscription a informé la mairie, via un appel direct au maire, de la fermeture d’une classe à l’école primaire avec comme argument que l’école avait 5 classes et que malgré les seuils de fermeture en RPI l’effectif minimum serait de 99 enfants et les 82 ou 88 enfants ne suffisent pas à maintenir cette classe de primaire. De plus, si les seuils classiques de fermeture étaient appliqués, ils occasionneraient la fermeture de 2 classes, 1 en maternelle et 1 en primaire pour l’année scolaire 2022/2023.
Le Maire le sait, depuis quelques temps l’inspection académique surveille de près les effectifs des écoles composant le groupe scolaire public. Toutefois, même lors des échanges avec l’association des Maires de Haute Loire (AMF43) concernant la carte scolaire 2022-2023, cette fermeture n’a jamais été évoquée. De plus, jusqu’à présent ces fermetures n’étaient nullement à l’ordre du jour des différentes réunions du Conseil Départemental de l’Education Nationale (CDEN), au sein duquel siègent des représentants des maires.
Une annonce difficile à intégrer, sur le fond et sur la forme
L’annonce de fermeture a eu lieu le vendredi 24 juin, à quelques minutes du conseil d’école, prévu à 17h30 qui prévoyait la présentation de la répartition des effectifs dans les classes des 2 écoles.
Avant l’appel de l’inspectrice aucune alerte de fermeture imminente n’avait été signifiée à la commune, ni à la directrice de l’école primaire qui a appris cette même fermeture par le maire de la commune à 13h45.
Aucun échange préalable, ni concertation pour partager la situation n’a eu lieu soit avec la mairie de Craponne / Arzon ou avec les deux instances représentatives des maires que sont l’Association des Maires 43 ou l’Association des Maires Ruraux 43.
M. MIRMAND constate une grande maladresse dans la manière de procéder dans ce genre de décision. L’an dernier, la commune a subi la décision de la fermeture du Trésor Public, mais contrairement à l’éducation nationale, M. MIRMAND salue le courage et la démarche de M. DENY, le directeur départemental et de sa directrice adjointe, qui ont pris la peine de se déplacer sur la commune, pour rencontrer les élus, exposer la problématique nationale et présenter un nouveau dispositif à adapter en fonction du contexte local. Un échange avait pu avoir lieu et des adaptations en fonctions des divers publics concernés ont été mises en place à la suite de cette rencontre.
M. MIRMAND considère que la démarche de la Direction Départementale des Finances Publics aurait pu être similaire pour la Directrice Académique des Services de l’Education Nationale, Mme Marie Hélène AUBRY, qui ne connait pas la commune et son contexte local .
Un constat : Octobre 2021 : Inauguration de l’école, plusieurs mois plus tard, l’annonce d’une fermeture de classe.
Le jour de l’annonce de la fermeture une réunion en préfecture avait été organisée afin d’évoquer le programme Petite Ville de Demain dont est lauréat la commune de Craponne sur Arzon, programme national dont l’enjeu est la revitalisation des centres bourgs. Ce dispositif vise à accompagner, soutenir les territoires reconnus comme des centralités, des territoire investis pour leur avenir et engagés dans des projets ambitieux de revitalisation.
Tout comme la nouvelle médiathèque, le groupe scolaire, par sa localisation favorise la fréquentation du bourg et ramène des circulations dans le centre ancien. Le dispositif Petite Ville de demain est un dispositif qui demande aux collectivités d’avoir une vision transversale, une projection sur le long terme. La décision de fermer une classe, apparaît aux yeux du maire comme un élément en contradiction avec les politiques impulsées par l’Etat. Il regrette que ce type de programme ne soit pas interministériel au niveau du département afin de coordonner l’action de l’Etat et de ses partenaires.
A l’heure où l’on sort d’une crise sanitaire qui fut éprouvante, où les écoles de Craponne ont répondu à leur niveau au besoin en accueillant les enfants prioritaires en pleine crise, en s’adaptant très rapidement à la multitude de protocoles, après l’engagement à ce moment du Président de la République de ne pas fermer de classe, le maire de Craponne s’indigne de subir une fermeture de classe qui se limite à une simple logique arithmétique alors qu’une logique territoriale serait surement plus appropriée.
De plus comme d’autres communes altiligériennes, nos écoles accueillent aujourd’hui des enfants ukrainiens.
Le 5 octobre 2021, se déroulait l’inauguration du groupe scolaire et sa dénomination « Groupe Scolaire Public Marguerite Vallade-Gibert » en présence de tous les élus locaux, à laquelle avaient été conviés également les services de l’Education Nationale. Cette inauguration venait souligner tout l’investissement réalisé et soutenu par les partenaires en faveur de l’école et des élèves : Rénovation thermique de l’établissement, mise aux normes en matière d’accessibilité, équipement numérique de toutes les classes, innovation numérique…Tout cela pour que – moins d’un an après – , une classe se ferme.
Comme toute fermeture de classe ou d’école, la fermeture de la classe de l’école primaire est injuste mais à Craponne cette injustice est encore plus flagrante avec tous les éléments évoqués précédemment.
Face à cette décision, seules des questions restent sans réponses :
- Pour quelle raison, Mme Aubry ne respecte pas les seuils qui sont liés à une convention de RPI pour les 2 établissements composant le groupe scolaire Marguerite Vallade ?
- Pour quelle raison, la classe de Craponne serait elle fermée alors que d’autres écoles ont-elles aussi des difficultés en termes d’effectifs pour la rentrée prochaine ?
- Dans quel but, les enseignants non titulaires ne sont pas mobilisés pour pallier à l’ensemble de ces fermetures au niveau départemental.
- Dans quel but, les enseignants sont orientés vers d’autres fonctions que celles d’être présents devant nos enfants ?
- Pour quelle raison, le Conseil Départemental de l’Education Nationale (CDEN) est considéré par notre Directrice Académique des Services de l’Education Nationale (DASEN) comme une simple instance d’enregistrement des décisions ?
La ruralité d’aujourd’hui ne peut plus se limiter à des fermetures décidées par une personne parfois avec une vision arithmétique, parfois avec une vision technocratique.
Les différents directeurs de services de l’Etat sont nommés avec une feuille de route qui fragilise parfois la vie dans nos communes. Certains restent vivre dans notre territoire mais d’autres sont pressés d’en partir. Alors que nous, élus, nous, habitants, nous y restons, nous y vivons, nous nous y développons.
Notre commune, nos communes ne doivent plus subir sans aucune réaction un choix non partagé, parfois illogique ou parfois irrégulier, d’orientation au risque de ne plus avoir aucune autonomie de décision et finalement d’être sous tutelle. Si tel devait être le cas et en cas d’actions disproportionnées, les élus que nous sommes sauront prendre leurs responsabilités.
Nos territoires ruraux doivent vivre et prospérer !